A la rencontre de Belgrade ou comment l’expression « un mal pour un bien » prend-elle tout son sens !

Après une journée de voyage plutôt chaotique, arrivée au Bella Center, le centre où a lieu la conférence, à 18h05 : « Ouf, on y est ! » Ouais, sauf que l’inscription des membres autorisés à entrer dans ce fameux centre ferme à 18h : LA POISSE !!

Quelques minutes d’égarement, durant lesquels un groupe de militants végétariens a essayé de nous alourdir avec des livres de photos de chiots, il faut bien se faire une raison, on ne rentrera pas ce soir, retour à la case départ !

Direction la station de bus COP 15, spécialement mise en place pour l’événement, quelques vérifications auprès du monsieur en jaune qui nous indique le bon chemin quand un charmant quinquagénaire nous aborde « Are you going to the national museum too ? », « Well not exactly » et ainsi commence une conversation des plus passionnantes avec un des 4 délégués présents actuellement pour représenter la Serbie.

Je vous passe les détails de la vie de ce monsieur, de ses enfants et des températures hivernales de Belgrade, vous pourrez toujours glaner ces informations plus tard ! L’important n’est pas là.

Ce monsieur, que l’on va nommer X, nous raconte sa journée, négociations autour du protocole de Kyoto. Les Etats-Unis, le Japon et l’Australie ont été clair : les quotas peuvent être modifiés, ils ne signeront rien si les pays « en voie de développement », et en particulier la Chine et l’Inde, ne signent pas pour les MEMES choses.

Hum hum, pas très optimiste tout ça ! « But do you think a legal binding agreement can be signed during the conference? » (« Mais pensez-vous qu’un accord contraignant pourrait être signé pendant la conférence ? »), « Well NGOs people like you are mostly young and revolutionary, left-side people, proposing unrealistic stuff, you see a common declaration of all the countries saying they are truly concerned by the issue and will do their best to fight it would already be a great victory. And actually, this could happen since nobody here wants COP 15 to be a public disaster. » (« Eh bien, les gens des ONG comme vous sont pour la plus part jeunes et révolutionnaires, de gauche principalement, et ne proposent que des choses irréalistes, vous voyez une déclaration commune de tous les Etats affirmant qu’ils sont vraiment concernés par le problème et qu’ils feront de leur mieux pour le combattre serait déjà une grande victoire. Et en fait, il y a des chances que ce la se produise car personne ici ne souhaite que COP 15 soit un désastre public »), bon bah c’est déjà mieux ! Et de toute façon, il m’explique bien que les délégués doivent suivre les positions décidées par leur pays, enfin de compte ils ne sont que les messagers. C’est pourquoi la présence de chefs d’Etat et de gouvernement est extrêmement importante, car eux ont le pouvoir de prendre des décisions inattendues, notamment du fait des pressions extérieures, de la diplomatie de couloir…. C’est bon à savoir dis donc !

X ne fait pas que parler de lui, bah oui à son tour de m’interroger. Tout y passe, système universitaire français, politique et relations internationales, réfugiés climatiques (enfin j’avoue que cette voie je l’avais cherchée ;), monde associatif…. « But, what do you expect from your days over here ? », hum hum, je commence à bégayer quelques mots sur la paix, dialogues interculturels, différence Nord/Sud… Il comprend vite où je veux en venir et là l’information tombe : les pays les moins représentés sont la Corée et le Maroc, 2 délégués chacun ! Quand on sait que la France en a envoyé une trentaine… Et dire que l’ONU se veut être un forum de dialogue entre le Nord et le Sud, le dialogue est biaisé, les dés sont pipés !

Bon, ça y est c’est notre arrêt, « So you may meet tomorrow », « Weeeeeell, NGOs membres can’t assist to the official conferences, only side events », « Oooohh come on, you can come, a Serbian delegate need an assistance ;) »…. Hum hum la suite au prochain episode !! En attendant, direction le Klimaforum !!!